L'AUTEUR MEXICAIN C ARLOS FUENTES N'EST PLUS: LA
LITTERTURE DOIT REPRENDRE LA PAROLE AUX PUISSANTS ET LA RESTITUER AUX
GENS
Carlos Fuentes n’est plus. La nouvelle me laisse un
peu plus orphelin, après tant de maîtres, tant prestigieux que quotidiens, qui
me renvoient à ma solitude de survivant. Ma rencontre avec lui, a eu lieu dans
la forme d’une interview, qu’il m’a accordée dans le cadre d’Europalia Mexique.
Cela s’est passé dans un petit studio de l’avenue Reyers, où je l’ai bombardé de
questions, auxquelles il répondit aussitôt en un va-et-vient incessant d’idées
en ébullition. Ce qui m’a permis en vingt minutes, de nourrir richement une
émission d’une heure entière. Autant dire qu’il n’y avait rien à jeter.
En ravivant mes souvenirs il y avait l’évocation des ses
années d’enfant de diplomate, passées en-dehors de sa patrie. Ce qui lui a
enseigné la distance permettant de mieux capter une réalité complexe et baroque.
Plutôt que d’être le Zola du Mexique il a voulu en être le Henry James. Il a
évoqué la réalité multiculturelle (dès son origine) du continent de la migration
qu’a toujours été l’Amérique et dont l’oranger (héros de livre qu’il venait
d’écrire) est le symbole chargé d’optimisme : venu des Indes, il a traversé
l’océan, après avoir été introduit en Espagne à travers le Moyen Orient et
l’Afrique du Nord, afin de produire le jus de fruit Californien et Floridien.
Une manifestation parmi beaucoup d’autres du temps en spirale qu’a conçu
l’historien italien Vico, qui fait qu’ à travers la progression de l’histoire,
le passé ne disparaît jamais.
Il a surtout
affirmé aussi sa foi dans la littérature, garante de la parole qui ne peut pas
être laissée aux seuls puissants. Le parole-mythe, le Tlatoani, titre du chef
suprême des Aztèques qui a été ravi par Hernan Cortes à Moctezuma et puis,
à travers sa traductrice La Malinche,
rendu au peuple indien conquis. Cette parole manipulée, actuellement aux mains
des grands de ce monde et de leurs réseaux médiatiques, que la littérature doit
leur reprendre afin de la restituer aux gens.
Il m’a également confié son désir de « reconquista »
par rapport au vieux continent colonisateur, dont il observe la complémentarité
par rapport à l’Amérique qui par rapport à nous est « le visage de l’Extrême
Occident ».
Bref, un moment d’une intensité sans pareille, passé
avec une des intelligences les plus vives et un des tempéraments les plus
passionnels du monde qui a été le mien.
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