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Stichtingsdatum: 1 februari 2007


"VERBA VOLANT, SCRIPTA MANENT!"

"Niet-gesubsidieerde auteurs" met soms "grote(ere) kwaliteiten" komen in het literair landschap te weinig aan bod of worden er niet aangezien als volwaardige spelers. Daar zij geen of weinig aandacht krijgen van critici, recensenten en andere scribenten, komen zij ook niet in the picture bij de bibliothecarissen. De Overheid sluit deze auteurs systematisch uit van subsidiëring, aanmoediging en werkbeurzen, omdat zij (nog) niet uitgaven (uitgeven) bij een "grote" uitgeverij, als zodanig erkend.

8 februari 2010

OBAMA ET CANDIDE : AMELIORER L’ETAT DU MONDE AU-DELA DES DISCOURS




Il y a une année déjà que Barach Obama tient les rênes (mais les tient-il vraiment ?) du pouvoir politique aux Etats-Unis et de plus en plus de voix discordantes se font entendre sur sa manière de gouverner, qui suscita alors tous les espoirs, mais aussi toutes les naïvetés. Certes il a déçu à la Conférence sur le réchauffement à Copenhague, sa loi sur l’assurance médicale élargie à tous les ricains, qui a perdu de ses plumes, est en péril et surtout son prix Nobel pour la Paix s’est vu sérieusement contredit par les faits en Afghanistan. Bref le principe de la réalité s’est bel et bien installé dans les vues et les pratiques du premier ‘’homo politicus’’ du monde actuel. Cela me renvoie à ce que j’ai écrit au moment de son élection, texte qui suit ici et dont je ne retranche pas un mot :

‘’Dans le parc Grant de Chicago, devant près d’un million de personnes réunies sous le coup d’une toute grande émotion, Barach Obama vient de psalmodier – dans la plus pure tradition du Gospel – son discours de victoire, ponctué religieusement par les insistants « Yes we can » d’un public médusé. Après huit années de gestion catastrophique et de cynisme roublard de la part de l’administration de Double You, arrive enfin la parole du Bien dans toutes ses formes, sociale, économique, mais surtout aussi éthique. Rendant aux nord-américains non seulement l’espoir d’une vie meilleure, de la perpétuation du rêve américain de la réussite pour tous (dont la présidence historique du « noir » Obama se doit d’être la confirmation éclatante), son discours leur permet à nouveau d’arpenter le monde la tête haute, comme les nice guys qu’ils ont toujours été, modèles de liberté, hérauts de la démocratie et de la prospérité, en croisade contre le fanatisme, l’oppression et l’arriération des systèmes maléfiques de ce monde.

Comment, devant cette sympathique explosion de naïveté, ne pas penser à Candide. Voltaire, le modèle de l’intellectuel, apportant les Lumières de la tolérance et de la rationalité, contre toutes les formes de l’infâme, les tyrannies, le fanatisme, l’injustice, mais sans cette radicalisation révolutionnaire d’un Rousseau. Le modèle des Etats-Unis en quelque sorte. Hélas, Monsieur François Arouet a lui-même quelque peu troublé cette vision activiste et l’optimisme foncier que celle-ci sous-entend, dans son « Candide ». C’est qu’il y a le mal, soit parce que – selon le Manichéen Martin – il règne sur le monde, ou simplement parce qu’il se manifeste au hasard des cataclysmes – tremblements de terre comme celui de Lisbonne – ou guerres dévastatrices qui éveillent en l’homme des instincts meurtriers latents. De quoi ravaler de plusieurs crans l’optimisme systématique que le maître à penser de Candide, Pangloss, lui a enseigné. Cela à coups de sophismes Leibniziens sur l’harmonie préétablie qu’un Grand Architecte aurait planifiée à travers un enchaînement de cause à effet d’événements, dont certains pénibles, mais toujours dans la perspective d’aboutir au Bien. Le Bien donc, face au Mal, rencontré seulement dans l’Utopie de l’Eldorado, dont Candide décide de s’échapper, préférant ce qu’il nommera par après « les convulsions de l’inquiétude » à « la léthargie de l’ennui ». Pas mal pour quelqu’un qu’on avait la coutume de qualifier d’anti-Pascalien. La rationalité du réel se révèle être une illusion pour Candide. Elle n’est en somme qu’une croyance parmi d’autres. Il faut cultiver son jardin, en d’autres termes, travailler sans raisonner. Ce travail si bénéfique qui, comme le dit Martin, « éloigne de nous tous les maux, l’ennui, le vice et le besoin ». Mais, et le ton souvent badin de son livre nous le confirme, ce savoir que prodigue Voltaire à la fin de son « Candide » n’est pas un savoir triste, « un savoir mort » selon sa propre définition (Nietzsche cet étonnant élève de Voltaire en proclama le principe dans son « Gai Savoir »), mais doit être (re)lu avec le regard d’une ironie joyeuse. Le premier message du grand philosophe des Lumières n’est-il pas qu’il faut essayer, malgré tout, d’être heureux. Le bonheur étant notre meilleure arme dans cette guerre sans fin que nous livre le Mal. « La meilleure façon de se venger de ses ennemis, nous dit-il encore, c’est d’être heureux ».

Tout ça rend un peu superflue – mais pas inutile dans le contexte actuel - la critique (bienveillante) de Kjell Espmark qui ressuscita Voltaire à notre époque pour le confronter avec les désastres qu’auraient causés ses propres disciples. Ce qu’il démontre surtout c’est que, depuis les calamités que subissait Candide, rien n’a fondamentalement changé sur notre planète. « Change, yes we can » ? Si au nom du Bien, qui est en fait la Pensée du Bien, si au nom de la Raison, ce qui revient au même, si au nom d’une abstraction donc, nous justifions nos actions, sans en sentir, en toucher, les conséquences, nous ouvrons une boîte de Pandore où tout est possible. « La pensée sans les sens », dit Espmark, devient un fantôme qui peut être la cause de n’importe quelle atrocité et d’autre part elle s’avère incapable d’agir devant les événements les plus alarmants. Philosophiquement je crois que c’est là le vrai défi auquel Obama est confronté. Que ses paroles d’espoir ne se limitent pas à être un nouveau discours sur l’état du monde, justifiant les vieilles habitudes encroûtées, celles d’agir pour le bien de l’autre – et de soi-même – sans l’empathie véritable qui nous fait ressentir ce que l’autre éprouve et aussi nous mêmes lorsque l’aveuglement ne nous enferme pas dans l’illusion.’’

FRANCIS CROMPHOUT

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